mardi 15 mai 2018

Chapitre 692 - L'être et le paraître




Inspiration par inspiration, petit à petit mes cellules se meurent dans le silence du cycle de la vie, je n'ai pas vu le quart de ce que le monde pouvait m'offrir, je n'ai pas pu entendre les milliard de voix parmi lesquelles se trouve peut être celle qui m'enivrait, tout les visages du monde sur lesquels peut être tu caches le plus beau sourire que je ne pourrai contempler. Je n'ai pas su me contenter de ce que j'ai fais mais plutôt de tout ce que je n'ai pas pu faire, de toutes ces occasions manquées. J'aurai dû, j'aurai dû tu sais, ne pas me laisser le choix, ne pas accepter de compromis sur les nouvelles expériences aussi inconnues soit-elles pour moi. Je n'ai pas su apprendre à briller par moi-même pour être un de ces êtres de lumières à qui tout réussi, je n'ai pas pu réussir à m'élever dans l'obscurité et ainsi trouver mon réconfort dans ma propre existence. J'aurai pu être ce que je voulais, voyageur, romancier, acteur ou encore ingénieur oeuvrant pour un monde meilleur, je n'ai pas pu améliorer le miens. Je n'ai pas su faire en sorte que mon monde devienne appréciable pour la première personne qui y vivait. Je me suis dégoûté chaque jour de mon existence, mon corps, mon âme si sombre parfois, si terrifiante.. J'estime avoir été plus proche du monstres dans certaines de mes actions que d'avoir la vanité de croire que j'arpentais le visage d'un humain. J'ai laissé mes sentiments me détruire, pire encore j'ai laissé mes sentiments détruire les gens que j'aimais, j'étais trop faible pour supporter les émotions si violentes et perfectibles que nous côtoyons sans cesse, je n'ai pas su cessé de m'émerveiller de la moindre chose, rester assis sur mes idées que j'utilisais alors plutôt comme un tremplin sur des hypothèses pour voir un monde plus beau, plus grand. Je n'ai pas su calmer la tempête de vie qui errait dans mon corps, je me suis résolu à ne pas savoir dompter mes émotions si vives qui me donnent ce semblant d'existence si cher, comme si je rimais à quelque chose, comme si je pouvais être le dernier mot d'une grande phrase dont on se souviendrait bien plus tard.

Je cherchais ce que je n'étais pas, en vérité, je cherchais tout ce qui était l'inverse de moi, tout ce qui pouvait me permettre de fuir ce que j'étais et qui n'était pas plaisant. Je n'étais pas de ceux à qui l'on pouvait faire confiance, j'échouais malgré les efforts et j'évitais la présence des autres me rappelant que ma place n'était pas auprès d'eux, de maintes fois j'ai voulu m'imposer de cesser de croire que c'était à moi de décider ce que je méritais, mais si moi-même je ne le fais pas qui le fera pour moi ? Qui mon amour me fera un baiser matinal en me caressant le visage pour me dire que tout ira bien, qui aurait eu le courage de me mentir un instant pour me faire aller mieux à cet instant ? J'aurai aimé, j'aurai foutrement aimé qu'on me dépose une couverture sur mes épaules quand je m'endormais pendant que je t'imaginais, que j'essayais de savoir à quoi correspondait la partie manquante de ma vie, celle qui comme un puzzle lui donne toute son ampleur, toute sa grandeur. C'est de ça que je manquais, de la grandeur. J'aspirai à m'élever sans aile, j'étais l'oiseau cloué au sol en attendant son aile et je ne t'ai jamais vu.. Peut-être aurais-je dû, peut-être aurais-je dû arpenter le sol tout en regardant le ciel ici et là avec l'idée belliqueuse que tu y serai un moment où un autre. J'aurai peut être dû te chercher davantage, là où je n'ai pas osé. Je n'ai pas su courageusement prendre mes sentiments comme une arme, revêtir mon coeur de toute cette émotion pour te chercher à travers les forêts, les océans, les villes et les bars de ce monde.

Voilà que j'achève ma vie sans savoir si un jour t'aies-je au moins une fois croisé? Dans un arrêt de métro ? Après une bousculade dans des escaliers, entre deux regards dans une bibliothèque ou peut-être au restaurant en entendant ton rire se joindre au mieux au moment opportun. J'ai peut être à l'inverse tellement chercher que j'en ai oublié de trouver. Pas un moment de ma vie je n'ai cessé de me demander ce que tu pouvais bien faire à l'instant précis où je pensais à toi, peut être sur un banc à boire ton café en lisant un livre, être au cinéma ou travailler avec acharnement, gémir dans les bras d'un autre. Je suis inconsolable de ne pas t'avoir trouvé, parce que je n'ai pas réussi à me saisir de toute mon identité, de tout mon monde que tu détiens, parce qu'en vérité c'est bien de ça que l'on parle. Si mon monde ne peut pas être le miens sans un détail, c'est que c'est ce détail qui est mon monde, et c'est ce que tu étais, la dernière note de musique qui résonne dans la salle, le dernier coup de pinceau sur une toile, le dernier rire que j'eu envie d'entendre. Je t'ai cherché dans tout les livres du monde, les paroles de chansons, les séries, les films, la vie, les parcs, les voitures, les Uber, les terminaux d'aéroport, les salles de bibliothèques, les Mcdonald's fermer à trois heures du matin, les boulangeries du dimanche, les brunch de l'après-midi, les bars au petit matin.. J'ai pu te sentir parfois, être là, avoir toi aussi visité cet endroit mais toutes les chansons de mon Ipod ne m'approchaient en rien de toi.

Je suis désolé, malgré tout ces rires qu'on m'a prodigué, parmi tout ces moments joyeux, ces jouissances intimes, ces pensées sordides, je n'ai pu.. Je n'ai pas su vivre sans toi, il m'aurait fallu quelques vies de recherches de plus, et des centaine d'autres d'acceptation pour me résoudre à accepter une vie sans toi. Je n'aurai jamais eu le courage dans ma vie, ni même la force de mettre le coup de pelle final pour enterrer toutes les espérances que j'avais d'un jour connaître ton visage, ça aurait été ma plus grande fierté dans cette vie. Je n'ai pas su te trouver pour apprendre à vivre à tes côtés, je ne te trouverai pas pour apprendre à mourir et pourtant ça n'empêche pas le fait qu'aujourd'hui oui, je commence à mourir, je me meurs. Je ne pourrais pas m'empêcher de penser à toi, toi qui m'aurait connu mieux que quiconque, m'aurait arpenter dans ma profondeur et ma plus grande violence, oh si tu savais à quel point j'aurai aimé un être qui puisse me contenir dans mes distances et mes excès, qui puisse panser mes plaies et qu'au-delà de toute cette noirceur ai envie de m'aimer. C'est toi que j'avais désigné profondément dans ma chair pour m'aimer et m'apprendre à t'aimer sans condition ni limite, je n'ai pas su apprendre à vivre sans toi, je n'apprendrai pas à mourir à tes côtés. Malgré tout j'ai cette joie intime bien que fébrile d'un être qui se meurt, d'avoir eu cette opportunité de savoir que quelque part dans cet univers quelqu'un me correspondait, je ne m'en irai pas seul, la pensée de te savoir présente m'accompagne avec suffisamment d'amour pour te souhaiter tout ce tu mérites.. Egoïstement, j'aurai voulu, j'aurai tant voulu te dire de vive voix que je t'aime plus que ma propre vie.