Le pardon n’est pas une demande ou une acceptation de l’autre. A vrai dire c’est plus sournois que ça, c’est une décision donc une acceptation d’un effet non voulu ou non connu en temps. Le véritable problème du pardon est que dans l’imaginaire collectif on considère avoir obtenu le pardon d’autrui quand celui-ci nous le dit de vive voix. En est-il vraiment ainsi ? Le pardon ne se décide-t-il uniquement qu’à condition que le demande ?
N’est-ce pas là, la preuve d’un marché du sentiment, d’obtenir ce que l’on souhaite à condition tout d’abord de le demander. S’excuser fait-il voeu d’annulation des douleurs, tords, blessures causés ? Bien évidemment que non n’est-il pas ? Alors pourquoi le pardon permettrait une sorte de grâce au yeux de la conscience de celui qui la demande ? Le pardon est décidé avant même que l’on en fasse la demande par la personne victime de l’incompétence de son auteur.
On ne pardonne pas en claquant des doigts, ça n’est pas un pile ou face, peu importe la beauté de la pièce. On idéalise le pardon, comme quelqu’un qui puise en lui la force de passer outre la douleur, ce qui est vrai que personne n’en dénature le propos, mais la décision du pardon ne se trouve pas en cela. C’est un acte plus petit et pourtant si révélateur de toute la force d’une âme.
Le pardon est dans l’action de retirer le couteau planté dans son dos, de ne pas l’utiliser pour blesser quelqu’un d’autre peu importe la manière dont l’on a pu être blessé.
Le véritable pardon n’a que cette forme et aucune autre. Il est celui qui pardonne à l’autre la faiblesse et la haine. Il est l’acceptation de la douleur d’autrui dans sa propre chair. Le pardon existe uniquement dans ce geste, celui de prendre sa douleur et ne pas renvoyer celle-ci sur quelqu’un d’autre. Tout le reste, n’est simplement qu’un mauvais mensonge. L’acceptation de la haine et de la douleur de l’autre, c’est ce que le pardon est.

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