Six cent quatre-vingt-dixième tentatives.
" C'est impossible à partir d'un certain point
De revenir en arrière, à une ancienne vie,
à une ancienne façon de penser et ressentir."
Henry Rollins
Tu ne t'en rends pas encore compte, mais tu es en surchauffe, tu ne le vois pas distinctement et pourtant tu es marquée de toutes parts de brûlures. C'est tout ton corps qui brûle, qui se consume de cette flamme qui au plus profond de toi te somme, t'interdit de vivre et te ronge de l'audace que tu as de vouloir exister après tout ce que tu as fais. C'est elle qui au rythme des souffrances que tu endures te rappelle pourquoi tu ne mérites pas une vie paisible et douce, selon elle, il y a prix à payer pour ce que tu as fais, ou plutôt pour ce que tu as volé.
Les rêves d'autrui, les rêves d'un jour, ceux de toute une vie, tu as anéanti le droit à des personnes de ressentir un jour le vide se combler, tu as arraché tout les espoirs contenues en une vie sans te soucier de savoir si ces personnes pourraient alors manqué à quelqu'un. Et alors tu te souviens, tu te souviens qu'à toi aussi il te manque, qu'il te manque quelqu'un, ce quelqu'un qui à son tour ne pourra revenir condamner par quelqu'un d'autre, l'on t'as alors refusé ce droit de combler ce vide plus désastreux que symbolique.
Dans cette douleur, cette flamme t'enseigne le poids des mots, la dureté d'une absence, la souffrance d'une distance, c'est ton pêché, avec lequel tu n'as d'autre choix que d'accepter de vivre, et ses brûlures te consument jusqu'à une surchauffe totale de ce tu supportes sans le savoir consciemment. Car tu n'as pas connaissance de la notion du manque, de ce que la solitude peut résonner en toi. Un soir ces brûlures s'éveillent et te font prendre conscience de ce que tu as, de ce que tu es. Elles illuminent ton corps dans la douleur d'une nuit de solitude, tu brilles au travers de la noirceur de petit scintillements rouge vif à la manière de lucioles. Ta vision si claire devient pourtant si flou, ton coeur se resserre tu te sens comme suffocante, cette flamme t'arrache en permanence ce que tu voudrais recevoir. Dans ces larmes silencieuses de cette nuit illuminée de ta souffrance tu le comprends enfin, il ne reviendra jamais, tu te condamnes à apprendre la force des mots, pour dorénavant sauver les gens au nom de la personne que tu n'as pas pu sauvé. Elle qui voulait tant te voir vivre, t'entends dorénavant survivre.

