mercredi 17 avril 2019

Chapitre 706 - Épilogue



J'ai envie de dire que tout est terminé, que je ne trouve plus les mots pour embellir mes blessures, qu'il y aura surement mieux à faire que d'essuyer un échec aussi prévisible. J'aimerai pouvoir le dire avec la conscience libre et légère de quelqu'un qui part sans le moindre remord ou élan de tristesse. La nostalgie me tue, elle me brise d'une façon si belle, si envoutante. Elle découpe en fin morceaux chacune des parties de mon âme et les offres à la sagesse violente du temps qui silencieusement oeuvre à son horrible sens. Le temps est si vite passé, les années ont si vite défilée que je chéris le peu de souvenir qu'ils me restent des quelques années auparavant car ils n'existent plus ailleurs que dans ma tête, dernier rempart avant de sombrer dans l'oubli. Comme c'est violent, ma mémoire me joue des tours et je ne suis plus sûr de savoir si ce que j'ai vécu comme je m'en souviens ou bien est-ce que je me souviens de la manière dont je l'ai vécu.


 J'ai perdu ma raison et mes mots. Je n'ai plus rien à dire qui n'ai de cesse ou d'intérêt. Je n'ai plus de sous entendu, de valeur aux principes de mes maux. Je tourne en rond dans un bocal sans en perdre la mémoire à défaut c'est ma raison qui disparait. Ai-je fais le tour de ce que je pouvais dire ou suis-je finalement face à mes limites les plus abstraites. J'ai plus de questions que de réponses, et rien n'a plus de sens, sur ces quelques lignes qui ne veulent plus rien dire. Désuète de la lame de mon sens, ils s'offrent à la courtisane la plus à même de frôler leur chemin. Ai-je seulement cru bon un jour de me persuader de tenter de saisir quelque chose qui m'a toujours échappé ? J'ai envie de dire que tout est terminé, bien que je ne le veuille pas, mais parce que je ne trouve plus mes mots pour compenser mes pensées. J'ai sombré, je ne sais quand dans le mutisme. Je n'ai rien de plus à dire et j'ignore si cela vaudrait la peine, j'arrive en titubant d'émotion et en tressaillant de faiblesse après les coups lourds et sourds de ma nostalgie sur le revers de mon écriture perfectible au possible. Elle, tout comme moi avons fait notre temps. Loveless continuera de vivre en dehors de moi, en dehors de nous. Je ne lui suis plus nécessaire. C'est fini nous t'avons achever Loveless, nous l'avons finalement fait, tu peux être sans ce que je suis. Et je suis désolé mais le chapitre final ne sera pas celui que tu mérites, et les brouillons encore nombreux resterons des brouillons car tu es fais de non-dit, de choses inachevées, telles que mes fautes répétées, mes tournures de phrases et mes allocutions minables. Tu es parachevée dans ton sens le plus perfectible, le plus humain, je t'ai tout donné de moi pour que ta signature soit à jamais nôtre, qu'une part de ma vie soit à jamais écrite... et que finalement je laisse une trace quelque part, sur quelqu'un.

Pourvu, oh oui pourvu Loveless que nous fassions vibrer quelqu'un, naître une toute dernière fois un sentiment, celui du devoir accompli, de la légèreté d'avoir fait ce qu'il y avait à faire. Ton dernier chapitre, le plus pur, si sincère qu'il n'en a plus de sens. Merci pour tout, je te lirai dans une autre vie. Que les yeux qui me lisent tâche de prévenir l'esprit de celui qui comprend que tout est éphémère et que cela n'empêche pas les choses que nous faisons de compter. Va, prend cette flamme et combat à ton tour le temps.



jeudi 21 février 2019

Chapitre 705 - Il y a des heures qu'on nous dérobe





Tout serait plus simple si elle ne me manquait pas. Mes réveils seraient en effet moins difficile et moins lourd ne serait-ce que de l'idée de devoir débuter une nouvelle journée sans sa présence, de ne pas avoir sa main passant dans mes cheveux, de pouvoir déposer mon visage sur ses cuisses. Mes journées seraient animées par les pensées que j'aurai davantage à son encontre me demandant quand est-ce que je la verrai, d'attendre un signe, une réaction. De la quitter au matin devant la porte et de prendre le temps de faire semblant de marcher en direction du métro pour attendre quelque instant et me retourner pour la voir s'éloigné le long du boulevard débutant sa journée elle aussi, le sourire au lèvre je la regardais en disant avec le sentiment d'avoir des ailes sur le coeur que c'est elle que j'aime et rien d'autre. Mes journées difficiles seraient plus simple, je m'énerverai à tord en sa présence et certainement contre elle, et je chercherai mille et un moyen de m'excuser en lui offrant son dessert préféré, des papouilles ou un délice. Je mentirai si je disais que mes nuits sont merveilleuses dorénavant, je n'ai plus ses cheveux qui me dérangeait dans mon sommeil. Je n'ai plus son rire ou son ton d'agacement le matin quand je ne me lève pas. Je n'ai plus de message à l'improviste, je n'ai plus personne à regarder, comme un écho qui se perd dans ce qu'il est. Je n'ai personne qui m'attend le soir en se préparant à manger ou en se demandant ce qu'elle va pouvoir manger avant d'opter pour un tout sucré. Je n'ai personne sur qui posé mon regard durant mes nuits de travail ou mes devoirs tardifs sur mon bureau, où avant je n'avais qu'à lever la tête pour la voir dormir dans mon lit paisiblement et l'entendre parfois me demander de venir me coucher. Je n'ai plus personne qui me réclame un câlin avant de dormir, à qui j'avais promis de tout les soirs lui en faire un sans jamais réussir à tenir cette promesse convenablement. Je n'entends plus personne le matin se plaindre d'avoir mal dormi, d'être en retard, de ne pas vouloir aller en cours, de ne pas vouloir que cette journée commence. Je ne rentre plus sur le qui-vive en la voyant de rare fois dévorer sa tartelette à la framboise et qui prise la main dans le sac se met à avoir un sourire nerveux en prétextant avoir eu une journée terriblement éprouvante. Je n'ai personne avec qui faire les courses, me contenter de faire semblant de prendre des articles et d'attendre à chaque coin de rayon de pouvoir la regarder, je n'ai plus personne qui matin, midi, soir me demande ce que j'ai parce que j'aurai le regard trop insistant.. Le regard trop amoureux de ce que j'aime sous les yeux. Vraiment tout serait beaucoup plus simple si elle ne me manquait pas, les choses seraient plus faciles. Je suis au courant de ce que j'ai à faire pour réussir à surpasser ce chagrin, je dois abandonner mes émotions et laisser le passé être le passé est-ce vraiment si difficile que ça ? Je dois juste tout oublier de ce qu'il s'est passé et accepter que ça n'est et ne sera plus présent à l'avenir. Je dois juste faire avec, et est-ce vraiment si difficile que ça ?

C'est impossible je ne suis pas lassé de t'aimer, parce qu'à chaque fois mon coeur me renvoi tout ces souvenirs et je t'aime encore plus fort, et ma colère ne cesse de croître elle aussi, je ne peux pas faire autrement. Je t'ai dans le sang, et j'adore et déteste ça tellement fort parce que, tout à partir d'un certain moment, me ramène à toi. Que serait devenu mes jours ennuyeux sans toi ?