Deux frappuccino caramel venti plus tard..
Elle s'assis en face de moi, sur la chaise de libre, là où le soleil pouvait m'éclairé. L'air pressé elle déposa son sac, à peine assise me tenant ces quelques mots;
" - Alors c'est vrai ce que l'on raconte, tu changes vraiment les vies ? "
Curieux;
" - Tout dépend ce qu'on entend par changer. "
Elle m'abandonna un délicieux sourire, un de ceux qui glisse le long de la joue pour se perdre sur des lèvres.
" - Il parait que tu rends les choses meilleures. "
" - On fait paraître beaucoup de chose, mes excuses, je m'appelle.. "
Elle se redressa sur sa chaise comme pour me dire quelque chose qui tombait sous le sens, toujours avec ce même sourire ;
" - Je sais qui tu es, je connais ton nom. J'ai déjà entendue parlé de toi. Sinon où serait l’intérêt ? "
Un rire s'étouffa dans ma gorge.
" - On ne sait jamais, tu aurais pu être intéressée par m'offrir un frappuccino caramel parce que je suis assez mignon pour en mérité un ? "
Un silence ce fit ressentir, et elle éclata de rire.
" - Chaque chose en son temps, tu en est déjà à ton deuxième. "
" - Comment peux-tu le savoir ? "
" - Ce n'est pas la première fois que je te vois, ni même que je t'aperçois avec tes frappuccino. "
" - Eh bien, je ne pensais pas être si spécial que je pouvais en mérité un espionnage intensif de ma vie."
Elle ricane, et doucement ses lignes se tendent et son visage devient plus nerveux.
" - Ne te méprend pas sur ce que je suis ni même sur mes intentions. "
Posant le fond de mon frappuccino sur la table qui nous séparait, je lui répondis aussi sèchement ;
" - N'attend pas de moi que je me méprenne sur quelqu'un dont je ne connais ni son identité ni même la raison de sa venue en face de moi. Qui que tu sois tu passerais pour une folle de vouloir faire ça, et je doute que ce soit cela que tu veuilles faire reflété à l'instant même. "
Le tir fait mouche, elle baisse lentement ses yeux, mettant ses doigts entre ses mains, elle est stressée pas à cran mais tout de même, assez pour faire ressortir un rire qui a tout ce qu'il y a de plus nerveux, avant de redressé sa tête.
" - Ne suis-je déjà pas assez folle pour venir à ta table, te poser une question qui ne me regarde surement pas, t'avouer que je t'ai déjà vu, à la limite d'un espionnage qui me ferait passer pour une psychopathe ? "
En aspirant quelques gorgées de mon frappuccino, j'acquissa.
"- Effectivement, où veux-tu en venir dans ce cas. "
La réaction précédente revint au galop, les yeux fixant le sol, la tête baissée, elle la releva soudainement. En passant sa main dans ses cheveux, se frottant le haut du crane. Mignonne et à la fois enfantine, j'eu un léger pincement au cœur quand elle rajouta à cette addition un léger sourire au bord de sa lèvre. Elle détourna sa tête sur la droite en continuant de sourire, comme pour ne pas assumer de voir mon regard ou ma réaction à la vue de sa prochaine phrase.
" - J'ai besoin de toi. "
Détournant le regard et prenant ma dernière gorgée ;
" - Pourquoi moi plus qu'un autre ? "
" - Car tu es le seul que j'ai aperçu dans ma vie me donnant l'impression d’être un mur infranchissable, impénétrable et sans faille. Tu donnes l'impression qu'un tremblement de terre pourrait surgir ou que le ciel tombe, qu'importe tu ne serais absolument pas atteint. Et puis on m'a fait comprendre que tu changeais les vies. "
Le regard palpable sur ses cheveux balayaient par le vent , dans un soupir j'eu renoncé à être moins clair.
" - Je détruit les vies avant d'en faire ce que je veux, ou ce que les gens m'en demandent. " Affichant un sourire narquois ne cachant pas mon exaspération.
" - Qu'as-tu à me proposer ? "
" - Je dois te donner quelque chose pour que tu changes ma vie ? "
J'acquissa.
" Que veux-tu ? "
Posant ma main sur la table et la regardant droit dans les yeux ;
" - Ecoute je ne suis pas là pour savoir ce que j'ai à tiré de toi. Comme tu l'as très bien dis, c'est toi qui a besoin de moi. Pas moi de toi. Alors tu devrais plutôt venir avec quelque chose à me donner en espérant que cela puisse m'intéressé ou attisé ma curiosité. Je n'ai pas de temps à perdre. Mais soyons clair tout les deux, ce que je veux, c'est que tu sois clair avec toi même, que tu ne t'avises pas de venir me parler en me proposant mille et une chose comme un brocanteur. J'ai autre chose à faire et je suis sur qu'une fille aussi pressée qui ne s'est pas présentée a , d'autant plus de temps pour s'inscrire à des cours de savoir vivre que d'osciller. "
Même réaction, tête baissée. Je crois que j'y suis allé fort . Sauf que cette fois elle ricane, posant son index sur ses lèvres comme pour cacher un bâillement alors qu'elle riait, j'ai trouvé ça doux, beau et élégant. La finesse de ses doigts m'a immédiatement plu, des flûtes, fines et douces.
" - On m'avait prévenu de toi, et de ta froideur, elle est effectivement légendaire. Ça n'est même pas de agressivité, c'est juste très violent. On ne m'a jamais parler comme ça ni même sur ce ton calme et glacial, on dirait que tout tombe de sens avec toi, la difficulté devient très simple en ta présence. C'est de ça que j'ai besoin, d’être plus forte. "
" - Surement, je ne sais pas quoi te dire, pas parce que je ne sais pas quoi répondre mais peut être qu'au final ça ne m'intéresse pas, je ne prend pas la peine de réfléchir sur ça. Ça n'est pas la première fois que l'on me dit ça. Avec le temps les critiques sont devenus mes compliments les plus prisés. "
Elle se fait plus calme, plus relaxée sur la chaise en face de moi, c'est une fille plus discrète qui soudainement se fait, elle se perd dans ses pensées devant moi, je lui ai donné matière à réfléchir très certainement, je ne sais pas et je me moque de quoi elle pense, nous pensons tous et ça n'est pas pour autant que cela est nécessairement important.
" - C'est la première fois que je fais ça. Je veux dire, m’asseoir devant quelqu'un qui ne me connait pas, et lui demander de l'aide. C'est même la première fois que je demande aussi clairement à quelqu'un de m'aider. Le fait d'avoir besoin de toi ne me déplait pas. Tu es assez plaisant, physiquement et intérieurement. Mais si j'avais pensé à le faire, j'aurai eu très peur. Je me serais demandée comment et par quel moyen le faire. Alors que le faire comme ça, soudainement est beaucoup plus simple, en réalité, je n'ai jamais fais ce genre de chose parce que je n'en ai pas le courage, mais même agir, ou faire des choses te concernant à l'air très simple. Je ne te connais pas assez pour le savoir, tu vas me prendre pour une folle mais même ça, tu le rends plus simple alors que.. Que je ne te parle que depuis une demie-heure. "
Le glaçon de ma boisson s'entrechoquaient entre eux, signe qu'il était vide.
" - Et donc ? Je comprend mais ça ne fait pas pour autant tout le fondement de cette discussion. Vu que j'ai terminé ce que j'avais à faire, je vais m'en aller, te souhaiter une bonne journée et c'est tout. "
Je commence à me lever. Elle m'agrippe le bras; assez fort pour que je sente ses ongles sur ma peau.
Réplique immédiate ;
" - Etre plus belle que la moyenne acceptable ne fait pas de toi, quelqu'un qui peut se permettre ce que tu fais là. J'espère ne pas avoir à te demander de me lâcher pour que tu le fasses. "
Elle est troublée, elle rougit, ses pommettes deviennent pourpres. Je ricane.
" - J'ai besoin de toi. " Me réplique-t-elle.
" - Et donc ? Tu crois que me dire que tu as besoin de moi suffit pour que j'accepte ? "
" - Je pensais que .. Que.. "
" - Tu pensais que quoi ? On a pas toujours ce que l'on veut. "
Debout, je me met à faire un pas qu'elle s'écrie :
" - Je m'appelle Lola. "
Je ne lui fais qu'un signe de la main en guise d'au revoir sans même me retourner.
" - Et je suis persuadée que tu es la seule personne qui peut me donner envie de véritablement vivre ma vie. "
Je m'arrête, instinctivement me retourne, je reviens vers elle.
" - Pourquoi moi plus qu'un autre ? Pourquoi c'est à moi que tu demandes ce que tu devrais être capable toi même de faire de ton existence ? Pourquoi tu te persuades que je suis la bonne personne. "
" - C'est.. Ton.. Ton regard, il brille. Il brille de vie. Tu es.. impressionnant de vie. Même là, en étant froid, distant.. Tu n'as pas idée de toutes les sensations que tu disperses autour de toi, j'ai l'impression que tu es peux être la colère et la joie en même temps. Tu es expressif, dans tout les sens du terme. Tu me donnes cette impression que tu es une palette de couleur. Et moi je ne connais aucune de ces couleurs ni même leurs noms, j'aimerais que tu m'apprennes. "
Elle marque un temps d'arrêt. Je me sens perturbé. Ce que je vois là c'est plus qu'une fille qui demande de l'aide, c'est une tentative de vie. Une tentative de vie dénuée de toutes idées malsaines ou d'intérêt personnel, simplement une tentative de vie. Quelqu'un qui tente de vivre, qui accepte de ne pas comprendre que la vie la dépasse, mais qui souhaite apprendre. De perturbé j'en deviens bouleversé.
" - Je ne veux pas vivre comme toi, je veux apprendre à découvrir par moi-même les visions, les points de vue différent que l'on peut avoir.. Je veux avoir mon propre avis, je veux voir le monde de la manière dont j'ai envie de le voir. "
" - Lola, il faut savoir voir le monde tel qu'il est, pas tel que tu veux le voir. "
" - Non ! C'est faux, il faut voir le monde tel qu'il pourrait être, pas comme il l'est aujourd'hui. Tu gâches son potentiel et tu le refuses au futur. "
Merde.. Dans le mille. Je préfère garder le silence.
" - L'inconnu me fait peur, il m'a toujours fait peur, mais.. Tu me donnes envie de le découvrir. "
Elle m'agace, elle ne se rend pas compte des sacrifices et des douleurs que ça fait d'accepter parfois la vérité peu plaisante, de passer de ses petits mensonges confortables à une vérité qui éclate a la figure dans le train, comme au levé du matin, au fond de son lit, devant un film ou bien seul dehors. Elle ne s'en rend décidément pas compte.
" - Souffrir, tu sais ce que ça veut vraiment dire ? "
" - Tu es ce genre de personne qui promulgue la souffrance comme la meilleure enseignante n'est-ce pas ? "
J'ai pas répondu, elle savait la réponse avant même de me poser la question. Elle s'imagine bien que je suis incapable de façonner l'idée d'un happy ending, je suis mauvais pour les fins heureuses et les faux sourire. J'ai honte des au revoir qui durent trop longtemps.
" - J'ai besoin de toi. "
" - En réalité tu as surtout besoin de toi. "
" - Et j'ai besoin de toi pour me faire prendre conscience à quel point je suis important pour moi-même. "
Je penche ma tête vers le haut, les deux mains sur mes hanches à la manière d'une mère agacée par les conneries de son fils, prête à le gronder.. Je soupire ;
" - Ca se vaut comme argument, mais pourquoi ne pas prendre un psy ? Ou un miroir que tu regarderais chaque matin ? "
" - Parce qu'ils n'auront pas le même effet sur moi. "
" - Qu'est-ce qu'on se moque de savoir l'effet que ça peut te faire l'important c'est le résultat. "
Nous étions toujours debout, à deux pas du café. Les gens passaient et le temps ne se rafraîchissait pas au contraire, le soleil commençait à me taper dans le dos, j'avais chaud et j'étais de moins en moins à l'aise, elle devenait de plus en plus honnête.
Elle détourne le regard sur une vitrine de prêt à porter féminin et chuchote quelque chose.
" - Comment dis-tu ?.."
Elle joue avec ces mains et baisse la tête.
" - J'ai juste envie d'allier l'utile à l'agréable . "
Je pouffe de rire c'est craquant.
" - Et tes cicatrices.. Elles me plaisent.. Elles sont belles, aussi éloquentes que ton regard. Sombre et à la fois lumineuse, torturées et libératrices. Je trouve que tu es un joli paradoxe, pas dans le mauvais sens, mais on y voit la profondeur comme dans un puit, sauf qu'ici il n'y a pas de fond. Je n'imagine pas que je te soignerai, j'aurais pas ce culot là. Mais je veux apprendre de tes blessures, de celles qui jamais ne se fermeront pour empêcher qu'il y en ai d'autre. Je veux comprendre pourquoi il y a des limites aux choses, pourquoi la folie n'est pas toujours la bonne chose, et pourquoi la solitude n'est pas une mauvaise chose. Je veux voir. Je veux comprendre ce qui fait de toi une si belle épave. "
Explosion nucléaire, j'ai pris une bombe au visage qui m'a sauté au coeur et qui m'a fait vibrer dans toute ma chair. Ne pas trembler, ne pas vaciller. C'était déjà trop tard, je ressentais toute l'émotion avec laquelle elle venait de m'envoyer ça. De l'oscillement d'honnêteté à l'envie démesurée. Mais je devais rester impassible, ne pas démontrer que ça m'atteignait. Ca n'est pas contre Lola, c'est juste qu'une forteresse est faite pour être défendue contre toutes choses qui porteraient atteinte à mon état d'esprit.. Et pourtant.. J'ai aimé ce qu'elle m'a dit. Pas pour me flatter, mais pour sa douceur, son envie innocente. Je jalouse quelque part cette innocence.
Je me suis trahis j'ai fais un pas en arrière.
" - J'ai dis quelque chose de mal .. Je suis désolée, pardon ça ne me regarde pas. "
" - Ca va, je n'ai juste l'habitude. Mes cicatrices hein. "
" - Elles te vont très bien. "
J'ai juste souris, et j'ai commencé à partir en lui tournant le dos. Elle m'a légèrement gronder comme une enfant, les pieds qui se touchaient et le regard pas content.
" - Fais-moi vivre s'il te plaît. "
Je me tape le crâne, vraiment ce soleil..
" - Faisons en sorte de te faire exister d'abord. "
Elle me saute dans les bras. Je n'ai pas l'habitude non plus de ça mais elle sent bon, je ne referme évidemment pas mes bras sur elle.
" - Lola s'il te plaît. "
