lundi 30 mai 2016

Chapitre 635 - La cigarette du condamné à mort




Tu es comme la dernière cigarette d'un condamné à mort m'a-t-on dit il y a peu. C'est un compliment d'une profondeur sans égale, ce genre de compliment qui n'apparaît que rarement, ce genre qui ne se compte que sur les doigts d'une seule main. Surtout les miennes. Je l'ai vu comme une dernière expiation. La dernière envie d'une personne qui va mourir, s'éteindre, disparaître. Et surtout comme une fumée, une odeur qui ne laisse pas de trace, ni de place. Comme une demande banale qui réclame à l'habitude son lot d'envie. Une simple demande pourtant importante, un attachement permanent jusque dans la fin. Mon monde s'est mis à vaciller à l'écoute de cette phrase. J'ai senti le sol sous mes pieds se détaché de moi, j'étais touché, en plein coeur. La force de ces mots et son sens m'avait percuté d'une façon phénoménale. Je n'en ai compris que ce que je voulais bien comprendre je pouvais tout autant être une envie, un besoin radical qu'un semble poison dont on ne se refuse rien. J'aimais, j'aime l'idée de la fumée qui ne se dévoile pas, il y a quelque chose dans la fumée qui est moins malsaine que l'illusion. C'est un beau compliment si toutefois c'est le cas, et quand bien même, trois masques ce sont brisés en même temps en l'entendant. Je suis la dernière cigarette d'un condamné à mort.



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