Elle m’avait jeté un signe de la
main et je ne voyais plus que son dos dans la ruelle qui s’engouffrait dans la
nuit avant que celle-ci ne disparaisse au détour d’une autre rue. Le vent
froid, et l’écharpe collée autour de ma nuque je m’apprêtais aussi. Le temps
paraît indécis, aussi capricieux qu’une femme qui n’aurait pas son macchiato
avant 9h et plus irritable qu’une blague sexiste d’un ex que l’on croise en
sortie.
Les voitures se faisaient rares
et les rues se vidaient, il n’était pas tard, le temps ne se prêtait simplement
pas à une balade dans un parc ou un verre en terrasse, encore moins -et c’est
tant mieux- à la sortie d’un gosse qui aurait fini par pleurer d’une crise
d’exaspération ou peut être que c’était bien moi qui faisait une crise d’exaspération,
depuis quand suis-je donc devenu si cynique au point de rendre mes pensées
amères ?
La fille aux cheveux d’or avait
fait son temps et avec elle toutes les couleurs qu’elles avaient pu m’apportés,
les sursauts d’émotions, les envies folles et les projets élogieux… J’étais
loin des rires et si proches des soupirs, je voyais nos journées d’automne se
réécrire à travers les allées du parc que je sillonnais pour rentrer à
l’appartement. A nous dans un fast-food jurant à tour de rôle que nos burgers étaient
obligatoirement meilleurs que celui de l’autre, ou dans un bar à débattre de
pourquoi mon cocktail faisait gay et pourquoi sa bière faisait trop viril, à
nos rires de passages et nos moqueries courtoises. A tout ces mots horribles
que l’on ne s’est pas dis parce que l’on s’aimait, aux instants de colères
sulfureux qui nous donnait envie de gommer l’autre, de réduire en miette ce
qu’il faisait. A nos voix, à la tienne qui parfois me donnait envie de te
tordre le cou ou encore de t’enlacer dans mes bras. Les allées étaient vides,
d’autres agrémentées d’une ou deux personnes marchant dans des directions
communes ou inverses, ne se regardant pas, avançant eux aussi la tête dans
leurs idées. Une autre allée, un vieil homme assis sur son banc les deux mains
sur sa canne la tenant devant lui la tête baissée sous son béret, pensif à
souhait. Les allées défilaient devant moi comme un carrousel de souvenir,
intimidé par l’idée de me savoir si c’était la fin d’une période ou le début
d’une nouvelle, j’ai préféré étouffer mon visage sous mon écharpe plutôt que de
répondre, je le savais au fond… La fille au cheveux d’or… Où qu’elle soit, elle
continuait de briller, avec ou sans moi et j’avais encore de ses étincelles en
moi.

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