C'est fait n'est-ce pas ? Je ne me trompe pas ? Je l'ai ressenti ce matin. Ce matin en me levant, en sortant un pied, puis une jambe, pour tout mon corps de ce lit, sourd, lourd et froid. J'ai senti, j'ai entendu un léger craquement. Comme un pas qui se pose sur une neige vierge de toutes traces, qui se morcelle sous le poids d'un pied. Une brisure. Un son. Ce son du départ. Ce matin, en me levant, je le sais. Je ne me suis pas trompé. Il y a quelque chose qui est partie. Partie de moi. Comme enfuit, envolé, ayant eu malgré tout la politesse de me faire comprendre son départ. J'ai.. J'ai disparu de quelqu'un, de chez quelqu'un. Au fond de moi, dans cette forêt calme, froide, où perpétuellement l'hiver naît, vît, crèche et finalement s'habitue. Cette forêt que ni même-moi n'ose violé d'un pas. Ce son s'échappant de cette forêt, une marque sur cette neige que jamais personne ne foule. Quelque chose est partie, je le sais. Ce matin, la froideur extérieure, n'était rien face à la porte ouverte que ce son avait laissé passé. Je n'existe plus n'est-ce pas ? J'ai disparu du monde, du monde d'une personne, de son être. De sa vie. Mon nom ne rime plus à rien dans son existence, je ne suis qu'un mot, un ensemble de lettre qui s'aligne et qui ne veulent rien dire, qui n'ont ni sens ni souvenir. Je n'ai plus d'écho. Aujourd'hui j'ai disparu de ta vie.. Je le sais n'est-ce pas ? Et cela n'est qu'un son à son tour qui lui aussi, s'achève dans le bruit qu'il fait. Un bruit qui ne veut rien dire, qui n'a pas de sens et qui s'essouffle dans un orgasme. Je réveille sûrement des souvenirs qui ne sont plus, désespéré, au point de se souvenir que quelque chose que l'on a oublié. Je n'ai pas pu, forcer contre le temps, nager contre le courant de cette vie qui s'effile, s'effiloche, s'entreprend et s'apprend. La machine du temps fait son travail, et je n'en suis qu'un rouage, qu'une pièce dans tout un système qui défit le destin, le crée, le replace, et finalement le considère, comme si je n'étais que l'écrou d'une vice, de cette même vice, un simple accessoire, inutile et donc nécessaire. Ce matin, en marchant dans ma chambre, dénudé, autant physiquement que mentalement, j'abandonnais mes vêtements, et les revêtements de mon âme, comme l'enfant qui ouvre les yeux à la fenêtre croisant les rayons du soleil. Mon âme à son tour délaissée d'une compréhension à laisser place à une amertume languinolante, voyageant à travers mes veines, coulant en moi cette douce symphonie, cette nostalgie délectable de la mélancolie.. Car quoi.. Aujourd'hui, je le sais, je le sens. Ce matin, j'ai disparu de ta vie.

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