mardi 28 août 2018

Chapitre 700 - Je t'aime de souvenirs





Elle m'a dit "tu passes vite à autre chose", j'en ai ris, de tristesse parce que je n'avais rien d'autre à proposer sur l'instant. Comment pouvais-je passer à autre chose quand elle était tout ? Passer à autre chose comme si une suite se cachait derrière. Après elle il n'y a plus rien, c'est le vide, le néant, le froid permanent. Tu passes à autre chose, comme c'était léger à dire et si violent pour mon âme de l'entendre, je ne peux pas passer à autre chose, il n'y a rien après. Je ne veux rien, parce que c'est dans sa présence que j'y trouve mon tout. J'ai préféré feindre l'indifférence à cette douleur extrême, des jours durant elle m'a fait saigné. Des nuits entières, tout comme celle-ci je brûlais de chacune des lettres de cette phrase car de toutes les choses fausses celle-ci est l'une des plus grandes. Mes souvenirs de toi me tue de plaisir et le manque ne cesse de me couvrir de tes baisers rompu par le silence j'y résous ce qu'il me reste. J'ai envie de toi, j'ai envie de tout avec toi. Je passe à autre chose mais jamais sans toi. Je chéris tout de toi, surtout le pire.



dimanche 26 août 2018

Chapitre 699 - Je ne sais plus quoi vous dire







Fond de table en fin de soirée, l'été tire sa révérence avec la fougue d'un enfant de huit ans, et la maladresse d'une collégienne dévoilant ses sentiments, c'est un départ marqué, une chaleur qui disparaît pour un accueil en bonne forme du froid qui se glissera dans nos draps. La discussion des personnes tourne autour de la vie sentimentale de chacun, c'est comme ça en fin de soirée c'est toujours comme ça. Les sentiments qui déferlent et qui glissent sur des torrents d'alcool rendant les propos très franc mais si peu compréhensible, on les mixent aux remords et au goût si spécifique du regret.

"Et à quoi tu es sensible toi."

La tête en arrière sur le canapé je voyais le monde à l'envers, il avait étrangement plus de sens dans cet ordre là. J'ai pas jugé bon de relever ma tête pour répondre.

"Sensible à quoi ?"

J'entends le verre qui se pose sur la table;

"Je ne sais pas, quelque chose qui te rend sensible, tu n'as pas l'air de beaucoup parler, ni même d'aimer ça. Tu te forces aux interactions."

Je fais un signe de la main comme pour dégager une fumée invisible devant ma pauvre petite gueule;

"Putain mais vous me suivez n'importe où, trop peu sensible, pas sociable, pas communicatif. Vous faites une fixette sur les gens comme moi, et je fais une fixette sur les gens comme vous, je ne suis pas une statue juste j'aime fermer ma gueule et j'aime quand on ferme sa gueule."

Silence lourd et gêné.

"T'es à cran pour une fin de soirée."

"Putain que non, je suis tranquille en train de détendre et ça vient m'éclabousser de merde. Imagine toi dans ton jardin, plein soleil en train de te reposer et soudainement on t'emmerde de questions. Tu réagis comment ? Quand quelqu'un te parle du travail pendant que tu te reposes tu réagis comment ?"

"On parle pas de travail."

"C'est un travail de vous supporter."

"Et un enfer d'essayer de te parler."

Une seconde période de silence entre en scène, quelques quart d'heures qui me donnent un ressenti de cinq minutes.

"Aux moments d'hésitations, aux scènes d'au revoir qui sont peut être des adieux déguisés, aux regards qui.. Se supplient de rester, de chercher du temps en plus, aux lèvres qui se serrent et aux cœurs qui pleurs dans le vide. Les voix qui déraillent sur les quais d'une gare ou d'un port, dans le terminal d'un aéroport ou devant la porte d'un taxi, d'un ascenseur qui se ferme. Dans des périodes courtes d'intensités qui nous implorent de les vivres. A ce moment où l'essentiel, l'important prend sa place. A ces endroits où tout devrait être dit et où la tristesse a une place si accablante sur le canapé qu'elle s'étend et poing sur la joue tend l'oreille pour entendre ce qu'il s'y passe. Au coeur qui se brise, a ce sang qui à ce moment dans nos veines chauffe."

"T'es sensible à ça ? C'est des instants durs; qui n'arrivent pas souvent."

"Les tentatives de vies, les émotions fortes, ça me rend instable. Je fonds, je deviens sensible à l'extrême."

"Les tentatives de vies ?"

"Les instants manqués, les regards qui se croisent, les sourires qui s'échangent. Les rapports humain."

"C'est pourtant commun.."

"On a pas vécu les mêmes drames."




Chapitre 698 - Blue Velvet










Elle se mit à côté de lui et sans un mot, elle commença du bout de ses doigts à toucher son visage encore mouillé de la douche qu'il venait de prendre. Lui comme étonné pris ses doigts dans sa main et lui demanda quel drame engendrait en elle cette nécessité de faire ça. Il n'avait pas l'habitude qu'on le touche, qu'on lui caresse tendrement ce visage qui le répugnait parfois de colère et de haine.

" Je les vois.. Je les vois" répéta-t-elle les yeux remplis de larmes, avant de prendre son visage à deux mains, comme un creuset. Elle se fit comme admirative de quelque chose que lui ne voyait pas et ne comprenait surtout pas, la situation avait changé, elle était oppressante pour lui, et tout son être cherchait un moyen de fuir ce qu'elle faisait, il était déstabilisé dans tout ce qu'il était, ses actes résonnaient en lui de manière trop brutale.

Lui qui avait juré de mettre des distances avec les sentiments, lui dont l'obsession pour les émotions le rendait addict au point que des évènements de sa vie avaient emporté avec eux une part de lui qui plus jamais ne permettrait au puzzle de son existence d'être complet. Lui qui s'était promis de ne pas goûté une fois de trop à la folie des passions, se retrouvait alors là, face à cette femme qui n'était plus qu'à cet instant une bombe à retardement qui allait faire jaillir son coeur hors de sa poitrine pour bondir embrasser ses sentiments. La pression était intenable pour lui.


"Elles sont si belles.. Si grandes, leur tailles est proportionnelle au sacrifice que tu as fais. Ce que tu as abandonné pour permettre ce qu'il fallait faire. Elles sont.. Elles sont la marque de ta personne."

Elle n'avait pas cessé de pleurer bien au contraire, une pluie s'était installée sur le haut de son visage, ses yeux étaient alors comme deux saphirs rutilants comme bercées par le tumulte d'une vague passionnelle qui noyait plus qu'elle ne pourrait porté, elle avait des joyaux à la place des yeux qui étaient mis en lumière par un flot de sentiment qu'elle ne pouvait cesser. Il comprenait alors, il savait de quoi elle parlait.. Il se mit à reculer, tombant à la renverse, se relevant aussi rapidement, fuyant ses mains, son regard, son toucher. Il se sentait comme non méritant, il le refusait, il se l'interdisait, il n'avait pas encore une fois à subir ça. Malgré chaque pas de recul, un de ceux-là fut de trop, il dû finir dos au mur sans possibilité de prendre davantage de distance avec cette femme, qui maintenant lui tendait le bras en s'approchant de lui, comme admirative mais émotionnellement blessée.

C'est cette douleur là qui la faisait pleurer à ne plus pouvoir cesser, c'est encore cette douleur qui la rendait folle de désir à l'idée de pouvoir le toucher encore une fois, pour le saisir comme l'on saisissait un cristal poli par la finesse d'un joaillier remplie d'une ardeur envoûtante pour son travail.

Elle finie une nouvelle fois par attendre son visage le caressant encore, au premier touché elle fit un sanglot, quand sa deuxième main toucha sa joue, elle finie par éclaté comme un verre au sol, avec bruit et fracas, elle gémissa, cria, les cordes de sa voix étaient emplies d'une infinie tristesse comme si catalyseur, miroir d'une âme elle pleurait pour celle qui ne le pouvait plus.

" Tu as tant souffert... N'aie pas honte de ce qu'elles sont, elles te vont si bien, elles te rendent si beau, si humain. Ce sont tes forces, pas tes faiblesses."

Lui faisait face à une réalité qu'il s'était interdit de penser.

"Elles sont si belles sur toi, elles te vont si bien ces cica.."

Sa phrase à peine finie qu'il la coupa d'une main sur sa bouche, lui allongé au sol, les jambes écartés, le dos contre le mur, elle au-dessus le chevauchant de la vision son front contre le sien, les yeux grands ouverts elle pu apercevoir alors les quelques larmes se dessinant sur son visage;

"C'est bon, ça ira n'en dis pas plus, ne dis pas ce mot."

S'en suivi un dernier silence entre eux deux, qui finit par sceller leur deux coeurs l'un à l'autre, il était tombé fou amoureux d'elle à l'instant où elle se mis à pleurer pour lui à l'idée des douleurs qu'il avait pu ressentir, quand bien même il aurait pu avoir dans sa vie une femme plus belle, ou avec des atouts physiques plus que satisfaisant, il n'en aurait pas chercher la teneur ni même l'intérêt car il le savait dès cet instant, jamais il ne pourra aimer plus fort qu'avec elle. Il apprit alors ce jour là, à s'aimer aux travers des yeux de celle qu'il venait juste d'apprendre à aimer.


jeudi 2 août 2018

Chapitre 697 - Bonne nuit








Il s'asseya sur le bord du tronc d'arbre, le plus éloigné du feu qui crépitait, à la fois visible par son visage et le haut de son corps tandis que le reste plongé dans l'obscurité de la douce nuit d'été qui nous accompagnait laisser deviner des ombres par les petits éclatements du feu qui laissait entrevoir le contour de ses épaules.

Il se gratta le crâne de sa main comme d'un air chercheur, de ceux qui creusent les idées, un soupir laissant s'échapper de sa bouche en plein milieu de cette forêt nocturne, il avança une de ses jambes près de la lumière du feu de camp, appuyant sa main sur son genou tandis que l'autre main avait, elle, déjà repris la canne qui l'avait amené jusqu'ici s'appuyant désormais aussi sur celle-ci. Il plongea son regard paternel en direction du petit feu qui dorénavant ronronnait.


"Tu sais petit, tes souvenirs se détériorions avec le temps, ils partiront sans que tu ne les ai remarqués, d'autres à l'inverse resurgiront bien des années plus tard pour une sensation, une odeur que tu croyais avoir oublié. Les meilleurs comme les plus mauvais, seront traités de manière égale. Le plus radieux des souvenirs ne brillera plus, le plus sombre ne t'empêchera plus de voir la lumière du lendemain. Ce sont de petites choses, des détails qui font toute la saveur de tes journées quelquefois. Ils partiront de la même façon qu'ils ont pu avoir pour s'installer dans ton quotidien, avec fracas ou douceur. Certains claqueront fort la porte, d'autres ne donneront même pas l'impression de l'avoir ne serait-ce qu'entre-ouverte. Il faut savoir prendre soin de ces instants, ces moments qui ont pour t'apporter de la joie ou te donner des leçons que tu ne souhaites pas encore apprendre aujourd'hui. C'est eux qui te permettront de tenir le choc dans les moments difficiles, de te rappeler ton chemin parcouru, la saveur de tes buts, de tes idéaux. Ils te remémorons la raison pour laquelle tu as entrepris ce voyage, ce que tu y as gagné et ce que tu as laissé pour parvenir à gravir les pentes rugueuses. Ils te rappelleront ce que tu as fais, et ce que tu n'as pas pu faire. Dans les moments d'incertitudes qui combleront ta vie, ils seront présents pour te rappeler qui tu aspires à être quand, la tête dans le brouillard et remplis de peur tu oublieras. Ils te rappelleront la force avec laquelle tu as des convictions et les rêves que tu y accroches."

Il marque alors une longue pause, suffisamment pour lui prendre le temps de se relever d'un air assagi, la détermination avec laquelle ses mots avaient pu apparaître laisse place à la douceur d'un vieil homme reconnaissant envers la vie. Se levant du tronc d'arbre alors couché sur le côté du feu, avançant dans ma direction il pose alors sa main sur mon épaule en faisant face à la route qui timide reste dans l'ombre du feu;

"C'est pour ça, c'est pour tout ça que tu dois y faire attention, tu ne pourras pas tous les entretenir et les garder intacts, seul quelques-uns auront cette chance et ça ne sera pas toi non plus qui décidera lesquels tu garderas de ceux que tu oublieras. Cherche y un sens et entretiens la sensation et le message qu'ils gardent en eux, parce que c'est une partie de toi qui a existé et qui résonne en toi même si dorénavant elle n'a plus sa place, elle te rappelle qui tu as été à un instant de ta vie. A l'image de ce feu que tu vas éteindre, l'important ne réside pas dans le fait qu'il brûle, mais qu'il a brûlé, il a existé. Il ne s'agit pas de vivre, il s'agit d'exister dans tout ce qu'il est possible que tu ressentes. Prend soin de tes souvenirs, viendra un jour où seul eux te rappelleront qui tu es et pourquoi tu fais tout ça. Rentrons maintenant."

Le feu n'avait pas eu besoin de moi pour s'éteindre, il fit son dernier ronronnement avant de s'endormir dans les draps de la nuit et de se résoudre à laisser la nuit être.