J'ai envie de dire que tout est terminé, que je ne trouve plus les mots pour embellir mes blessures, qu'il y aura surement mieux à faire que d'essuyer un échec aussi prévisible. J'aimerai pouvoir le dire avec la conscience libre et légère de quelqu'un qui part sans le moindre remord ou élan de tristesse. La nostalgie me tue, elle me brise d'une façon si belle, si envoutante. Elle découpe en fin morceaux chacune des parties de mon âme et les offres à la sagesse violente du temps qui silencieusement oeuvre à son horrible sens. Le temps est si vite passé, les années ont si vite défilée que je chéris le peu de souvenir qu'ils me restent des quelques années auparavant car ils n'existent plus ailleurs que dans ma tête, dernier rempart avant de sombrer dans l'oubli. Comme c'est violent, ma mémoire me joue des tours et je ne suis plus sûr de savoir si ce que j'ai vécu comme je m'en souviens ou bien est-ce que je me souviens de la manière dont je l'ai vécu.
J'ai perdu ma raison et mes mots. Je n'ai plus rien à dire qui n'ai de cesse ou d'intérêt. Je n'ai plus de sous entendu, de valeur aux principes de mes maux. Je tourne en rond dans un bocal sans en perdre la mémoire à défaut c'est ma raison qui disparait. Ai-je fais le tour de ce que je pouvais dire ou suis-je finalement face à mes limites les plus abstraites. J'ai plus de questions que de réponses, et rien n'a plus de sens, sur ces quelques lignes qui ne veulent plus rien dire. Désuète de la lame de mon sens, ils s'offrent à la courtisane la plus à même de frôler leur chemin. Ai-je seulement cru bon un jour de me persuader de tenter de saisir quelque chose qui m'a toujours échappé ? J'ai envie de dire que tout est terminé, bien que je ne le veuille pas, mais parce que je ne trouve plus mes mots pour compenser mes pensées. J'ai sombré, je ne sais quand dans le mutisme. Je n'ai rien de plus à dire et j'ignore si cela vaudrait la peine, j'arrive en titubant d'émotion et en tressaillant de faiblesse après les coups lourds et sourds de ma nostalgie sur le revers de mon écriture perfectible au possible. Elle, tout comme moi avons fait notre temps. Loveless continuera de vivre en dehors de moi, en dehors de nous. Je ne lui suis plus nécessaire. C'est fini nous t'avons achever Loveless, nous l'avons finalement fait, tu peux être sans ce que je suis. Et je suis désolé mais le chapitre final ne sera pas celui que tu mérites, et les brouillons encore nombreux resterons des brouillons car tu es fais de non-dit, de choses inachevées, telles que mes fautes répétées, mes tournures de phrases et mes allocutions minables. Tu es parachevée dans ton sens le plus perfectible, le plus humain, je t'ai tout donné de moi pour que ta signature soit à jamais nôtre, qu'une part de ma vie soit à jamais écrite... et que finalement je laisse une trace quelque part, sur quelqu'un.
Pourvu, oh oui pourvu Loveless que nous fassions vibrer quelqu'un, naître une toute dernière fois un sentiment, celui du devoir accompli, de la légèreté d'avoir fait ce qu'il y avait à faire. Ton dernier chapitre, le plus pur, si sincère qu'il n'en a plus de sens. Merci pour tout, je te lirai dans une autre vie. Que les yeux qui me lisent tâche de prévenir l'esprit de celui qui comprend que tout est éphémère et que cela n'empêche pas les choses que nous faisons de compter. Va, prend cette flamme et combat à ton tour le temps.








