mercredi 17 avril 2019

Chapitre 706 - Épilogue



J'ai envie de dire que tout est terminé, que je ne trouve plus les mots pour embellir mes blessures, qu'il y aura surement mieux à faire que d'essuyer un échec aussi prévisible. J'aimerai pouvoir le dire avec la conscience libre et légère de quelqu'un qui part sans le moindre remord ou élan de tristesse. La nostalgie me tue, elle me brise d'une façon si belle, si envoutante. Elle découpe en fin morceaux chacune des parties de mon âme et les offres à la sagesse violente du temps qui silencieusement oeuvre à son horrible sens. Le temps est si vite passé, les années ont si vite défilée que je chéris le peu de souvenir qu'ils me restent des quelques années auparavant car ils n'existent plus ailleurs que dans ma tête, dernier rempart avant de sombrer dans l'oubli. Comme c'est violent, ma mémoire me joue des tours et je ne suis plus sûr de savoir si ce que j'ai vécu comme je m'en souviens ou bien est-ce que je me souviens de la manière dont je l'ai vécu.


 J'ai perdu ma raison et mes mots. Je n'ai plus rien à dire qui n'ai de cesse ou d'intérêt. Je n'ai plus de sous entendu, de valeur aux principes de mes maux. Je tourne en rond dans un bocal sans en perdre la mémoire à défaut c'est ma raison qui disparait. Ai-je fais le tour de ce que je pouvais dire ou suis-je finalement face à mes limites les plus abstraites. J'ai plus de questions que de réponses, et rien n'a plus de sens, sur ces quelques lignes qui ne veulent plus rien dire. Désuète de la lame de mon sens, ils s'offrent à la courtisane la plus à même de frôler leur chemin. Ai-je seulement cru bon un jour de me persuader de tenter de saisir quelque chose qui m'a toujours échappé ? J'ai envie de dire que tout est terminé, bien que je ne le veuille pas, mais parce que je ne trouve plus mes mots pour compenser mes pensées. J'ai sombré, je ne sais quand dans le mutisme. Je n'ai rien de plus à dire et j'ignore si cela vaudrait la peine, j'arrive en titubant d'émotion et en tressaillant de faiblesse après les coups lourds et sourds de ma nostalgie sur le revers de mon écriture perfectible au possible. Elle, tout comme moi avons fait notre temps. Loveless continuera de vivre en dehors de moi, en dehors de nous. Je ne lui suis plus nécessaire. C'est fini nous t'avons achever Loveless, nous l'avons finalement fait, tu peux être sans ce que je suis. Et je suis désolé mais le chapitre final ne sera pas celui que tu mérites, et les brouillons encore nombreux resterons des brouillons car tu es fais de non-dit, de choses inachevées, telles que mes fautes répétées, mes tournures de phrases et mes allocutions minables. Tu es parachevée dans ton sens le plus perfectible, le plus humain, je t'ai tout donné de moi pour que ta signature soit à jamais nôtre, qu'une part de ma vie soit à jamais écrite... et que finalement je laisse une trace quelque part, sur quelqu'un.

Pourvu, oh oui pourvu Loveless que nous fassions vibrer quelqu'un, naître une toute dernière fois un sentiment, celui du devoir accompli, de la légèreté d'avoir fait ce qu'il y avait à faire. Ton dernier chapitre, le plus pur, si sincère qu'il n'en a plus de sens. Merci pour tout, je te lirai dans une autre vie. Que les yeux qui me lisent tâche de prévenir l'esprit de celui qui comprend que tout est éphémère et que cela n'empêche pas les choses que nous faisons de compter. Va, prend cette flamme et combat à ton tour le temps.



jeudi 21 février 2019

Chapitre 705 - Il y a des heures qu'on nous dérobe





Tout serait plus simple si elle ne me manquait pas. Mes réveils seraient en effet moins difficile et moins lourd ne serait-ce que de l'idée de devoir débuter une nouvelle journée sans sa présence, de ne pas avoir sa main passant dans mes cheveux, de pouvoir déposer mon visage sur ses cuisses. Mes journées seraient animées par les pensées que j'aurai davantage à son encontre me demandant quand est-ce que je la verrai, d'attendre un signe, une réaction. De la quitter au matin devant la porte et de prendre le temps de faire semblant de marcher en direction du métro pour attendre quelque instant et me retourner pour la voir s'éloigné le long du boulevard débutant sa journée elle aussi, le sourire au lèvre je la regardais en disant avec le sentiment d'avoir des ailes sur le coeur que c'est elle que j'aime et rien d'autre. Mes journées difficiles seraient plus simple, je m'énerverai à tord en sa présence et certainement contre elle, et je chercherai mille et un moyen de m'excuser en lui offrant son dessert préféré, des papouilles ou un délice. Je mentirai si je disais que mes nuits sont merveilleuses dorénavant, je n'ai plus ses cheveux qui me dérangeait dans mon sommeil. Je n'ai plus son rire ou son ton d'agacement le matin quand je ne me lève pas. Je n'ai plus de message à l'improviste, je n'ai plus personne à regarder, comme un écho qui se perd dans ce qu'il est. Je n'ai personne qui m'attend le soir en se préparant à manger ou en se demandant ce qu'elle va pouvoir manger avant d'opter pour un tout sucré. Je n'ai personne sur qui posé mon regard durant mes nuits de travail ou mes devoirs tardifs sur mon bureau, où avant je n'avais qu'à lever la tête pour la voir dormir dans mon lit paisiblement et l'entendre parfois me demander de venir me coucher. Je n'ai plus personne qui me réclame un câlin avant de dormir, à qui j'avais promis de tout les soirs lui en faire un sans jamais réussir à tenir cette promesse convenablement. Je n'entends plus personne le matin se plaindre d'avoir mal dormi, d'être en retard, de ne pas vouloir aller en cours, de ne pas vouloir que cette journée commence. Je ne rentre plus sur le qui-vive en la voyant de rare fois dévorer sa tartelette à la framboise et qui prise la main dans le sac se met à avoir un sourire nerveux en prétextant avoir eu une journée terriblement éprouvante. Je n'ai personne avec qui faire les courses, me contenter de faire semblant de prendre des articles et d'attendre à chaque coin de rayon de pouvoir la regarder, je n'ai plus personne qui matin, midi, soir me demande ce que j'ai parce que j'aurai le regard trop insistant.. Le regard trop amoureux de ce que j'aime sous les yeux. Vraiment tout serait beaucoup plus simple si elle ne me manquait pas, les choses seraient plus faciles. Je suis au courant de ce que j'ai à faire pour réussir à surpasser ce chagrin, je dois abandonner mes émotions et laisser le passé être le passé est-ce vraiment si difficile que ça ? Je dois juste tout oublier de ce qu'il s'est passé et accepter que ça n'est et ne sera plus présent à l'avenir. Je dois juste faire avec, et est-ce vraiment si difficile que ça ?

C'est impossible je ne suis pas lassé de t'aimer, parce qu'à chaque fois mon coeur me renvoi tout ces souvenirs et je t'aime encore plus fort, et ma colère ne cesse de croître elle aussi, je ne peux pas faire autrement. Je t'ai dans le sang, et j'adore et déteste ça tellement fort parce que, tout à partir d'un certain moment, me ramène à toi. Que serait devenu mes jours ennuyeux sans toi ?

dimanche 18 novembre 2018

Chapitre 704 - Moi





Je le connais depuis plusieurs années, j'ai vu ce sourire se transformer au fil du temps en quelque chose de moins brut, moins authentique et davantage mécanique. Une sorte de tic social, quelque chose pour broder la fibre social avec autrui, fait du miroir de l'apparence sien. Je l'ai vu se renfermer au yeux de tous par ses sourires et la trahison de son regard qui plongeait dans le vide ne vivait pas les mêmes instants que nous. Dans les soirées à discuter ou à boire il échappait à la compréhension, pas en permanence et pas pour tout le monde c'est comme si c'était un désir violent qui le prenait dans sa chair d'être seul. On lui parlait et soudainement une main invisible le hissait ailleurs qu'ici, avec nous, dans ce monde. Il était happé ailleurs et aussi rapidement qu'il partait il revenait. Il ne prenait plus la peine de répondre aux questions quand il n'en avait pas envie, il les ignorait. C'était fait avec autant de facilité que s'en était blessant, les mots finissaient dans une poubelle qui exaspérait beaucoup de gens. Il avait comprit très vite que l'ignorance était la grande culture sociale. On ignore volontairement nos véritables envies, nos désirs inassouvis par peur, par crainte du jugement ou par lâcheté, on ignore tout ce qui dérange en croyant que cela rend le tout plus simple. Il avait très rapidement compris oui ça je le crois mais je ne sais pas quoi. Il avait intégrer les rites de la société plus rapidement que nous, nous la vivions. J'avais parfois l'impression qu'il m'échappait, du regard. Que je ne voyais qu'une surface de ce qu'il présentait et que finalement, si j'en découvrais toute la profondeur je finirai par m'y perdre. C'était quelqu'un de profond au sens littéral du terme, il attrapait par le regard. Il était sociable, assez pour sourire, rire et parler avec les gens, mais cette bête insidieuse vivait en lui en permanence, ses moments d'absences, de regards vides, d'indifférence et d'ignorance à l'égard des gens et phrases, il revêtait une cape sur laquelle glissaient des choses qui ne l'atteignaient pas. Ça le rendait profond, au sens littéral du terme, un pieds dans la flaque qui nous aspire à une quinzaine de mètre sous les fonds marins.

Cette bête ne faisait pas que vivre en lui, elle vivait avec lui. Je crois parfois qu'il n'était pas ici, qu'il voyait de ses yeux des choses qui pour nous en apparence nous semblait basique. Il regardait et parlait des sourires des gens, des gestes, de leur manières d'écrire. Il aimait le silence mais tentait de s'y dérober en parlant plus fort que les autres, en criant, en se gesticulant comme un athlète au chômage. Il faisait le cirque là où dans son esprit régnait le calme d'une bibliothèque. Il voulait tromper les apparences, je crois pour lui permettre d'être un peu plus tranquille quand il était lui-même. Il ne faisait pas ça pour plaire ni pour donner une image positive de lui.

J'ai pensé que nous étions son exutoire, son moment de relâchement, son souffle. Il n'en était rien, nous n'étions qu'une pièce de plus de la bête, qu'un instant de répit. Une sorte de pause ambiante faisant partie d'un grand tout, nous n'étions qu'une mise en abîme à ses yeux. Ses yeux, cachant une bête calme et loin d'ici, ailleurs. Il ne parlait jamais de lui, les moindres questions auxquelles nous pouvions avoir de véritables réponses venant de lui étaient rares, trop rares. Toujours vague, une fumée insaisissable et pourtant bien réelle devant nous. 

Un soir il m'avait dit, verre à la main qu'il en avait "assez vu", assez vu de quoi lui ai-je dis, il n'a su que me répondre de part sa grande signature un petit ricanement très peu audible dont l'esquisse se dessinait de manière si naturelle, il souriait vraiment. Ca me dépassait, il le savait et ne tentait pas de me l'expliquer. J'ai longtemps cru que c'est parce qu'il me pensait idiote aujourd'hui je crois qu'il était triste, triste que je ne puisse pas le comprendre sur l'instant où il avait voulu être vrai avec moi. Il en avait assez vu des gens, ça lui colle parfaitement. Il n'a pas toujours été comme ça, la transition s'est faite avec la même douceur qu'il a dans le regard et qui meurt dans les flammes d'une pulsion ardente dont lui seul avait le secret. 

Il se savait flamme, mais se préférait glace. Il était absent d'une pièce et la minute d'après pouvait en aspirer les moindres recoins, rendant l'air irrespirable de sa présence. Il n'était pas d'ici, il nous regardait d'une manière assez, je ne sais pas comment dire, non pas étrange, mais, il me donnait la sensation de voir plus qu'au travers de nous, de voir des choses que parfois nous ne remarquions pas.

Il vit avec une bête qu'il ne comprend pas lui-même, une part de lui qui parfois prend le dessus et d'autrefois le laisse respirer ou peut être bien est-ce de concert. L'essentiel avec lui était un claquement de doigt, on pouvait le croire narcissique, égocentrique, ou même lunatique alors qu'un fleuve tranquille se faisait en lui. Il surenchérissait toujours les émotions, j'estime aujourd'hui de toutes les rencontres que j'ai actuellement faite qu'il est de ceux qui géraient le mieux leurs émotions. Une intelligence émotionnelle hors du commun.

Que s'est-il passé, que s'est-il passé un jour dans sa vie pour que naisse une rupture pareille, entre lui et les autres. Qui avait fait sauté les ponts ? Il n'empêche qu'aujourd'hui quand je repense à lui et aux souvenirs que j'en ai, je ne peux me retenir d'être triste, parce qu'il me rappelle dans sa manière d'être et d'agir une vérité glaçante; qu'on soit dans le tunnel pour rejoindre la lumière ou que la lumière sombre pour laisser place à la froideur, la plupart des chemins que nous empruntons, nous les empruntons seul. Nous passions sûrement la plupart du temps à feindre la solitude là où lui était déjà en train de l'accepter à notre âge. 



samedi 17 novembre 2018

Chapitre 703 - Douce






Il y a des choses dans votre vie qui sont faites pour vous bouleverser de façon à ce que les prochaines choses qui vous arrivent ne soit plus du tout les mêmes, que l'impact soit si fort en votre être que le chemin imaginé par votre esprit devient tout autre. Un détonation si forte que vous vous sentez déjà changer à l'intérieur de vous-même, que vous vous y voyez avec toutes les différences que cela comporte. En langage courant l'on réfère cela à un traumatisme, en réalité ça n'est rien de moins qu'une déchirure de l'âme. Vous changez sans même le vouloir, parce que c'est ce que fait le temps, l'être que nous sommes est par définition effrayé par le changement et refuse toute chose qui pourrait amener au changement, c'est dans sa nature, il lui faut alors s'adapter à ce que l'évolution, l'amélioration signifie; un changement, qui parfois se fait drastiquement dans une situation donnée, dans un contexte qui n'est plus permissif contre sa volonté, l'être s'adapte et refuse alors d'accepter de voir la réalité, il n'est pas immuable, il n'est et ne sera jamais quelque chose d'équilibrée et de suffisamment solide pour tenir ses craintes en éveil loin de lui, une lame de fond qui transperce la poitrine ensanglanté de nostalgie interdite qui rappellerait alors à l'âme la douleur endurée pour devenir autre. Je l'assume aujourd'hui, je n'ai plus le choix, des années plus tard j'assume mon échec bien que conscient de la vaine fuite que je faisais, il est amer et difficile d'accepter cela, nous ne faisons pas que nous améliorer, nous changeons. Et nous changeons plus que nous ne nous améliorons, nous abandonnons des parties de nous-même l'on ne sait où dans l'attente d'en façonner de nouvelles. Mais que deviennent-elles, elles qui nous accompagne dans nos douleurs et dans nos joies, ne nous appartiennent-elles pas ? Si je ressens que mes bras, mes jambes sont à moi et font de moi l'être que je suis en sa totalité parce qu'elles sont une extension de mon corps , n'en est-il pas de même pour les sentiments et les émotions qui nous traversent et qui sait même pour le souvenir des gens que nous avons ? Que deviennent les choses que nous abandonnons dont personne ne sait rien et qui ne peuvent nous faire prendre conscience de l'abandon que nous faisons, nous tourner le dos à soi-même. Que faisons-nous d'une armure qui nous a tant accompagnée durant les batailles, de cette couverture qui nous à tant réchauffer durant des nuits glaciales d'incertitudes, de doutes et de déception. Que faisons-nous quand la lumière s'éteint par le jeu de notre main ?




jeudi 15 novembre 2018

Chapitre 702 - Arrogant








L'arrogance est ce goût amer que certains ont d'avoir l'amour propre touché en son coeur, il est la rage de ne pas accepter la réalité des capacités et de se bercer d'une illusion plus plaisante à tel point qu'il est indéfectible pour celui qui l'obtient, de penser que l'illusion est réalité. C'est pourquoi quand les deux se rencontrent, l'un s'agenouille à l'autre, et autant faire simple pour dire que la réalité n'a jamais mis un genou à terre. C'est de cette conséquence issu que l'esprit dans un mal-être persuadé d'une tromperie se refuser à l'accepter, parce qu'il est plus confortable de se dire que cela est faux que d'accepter l'erreur, car l'erreur est à ses yeux d'avoir eu tord, alors que l'erreur objective est d'avoir surestimer ses capacités.

L'arrogance c'est une surestimation de soi lié à un défaut d'amour propre qui a pour origine un besoin palliatif de se sentir en confiance, à l'instar d'une recette de cuisine où les doses sont respectés, c'est ici le problème de dosage qui est, mais que peut-on dire à quelqu'un qui n'en a jamais reçu ? Trop n'est pas assez pour ceux qui ont été privé un jour de quelque chose qui pouvaient les aider à se définir. Comme on crée notre chance, on crée nos forces et renforce nos faiblesses.

L'arrogance est ce goût violent de vie que d'autres ont. L'arrogance de vivre, l'arrogance de rêver et d'avoir pour ambition de dépasser la masse qui critique pour critiquer, qui divise pour rendre seul. L'arrogance d'y croire c'est d'abord le premier pas vers la détermination, mais le chemin vers la détermination éloigne parfois ceux de la discipline. On va n'importe où sans discipline. L'arrogance à ce stade est un droit, arraché de la main par ceux qui plus que de le réclamer le réclame pour vivre. L'arrogance de vivre naît de la déchéance d'une chose par autrui, c'est l'affrontement d'une autorité autre que soit sur ce que l'on est et mérité. L'arrogance c'est de remettre en cause une autorité, c'est aussi aller au-delà des conventions sociales dans ce qu'elle nous défini. Sortir de sa boîte et être ce que l'on a envie en rappelant que roi comme esclave les conditions d'Homme sont les mêmes.

C'est cette arrogance qui est insupportable, ce bel affront qui rappelle à ceux du premier ordre l'amertume de l'existence de leur arrogance. Ni dieu, ni roi, juste des Hommes car à la fin d'une partie d'échec le pion et le roi finissent dans la même boite. Ce sont les vanités, ces oeuvres d'une beauté sans nom qui définissent le mieux l'arrogance de la condition humaine. Voué à mourir mais pas sans l'arrogance de vivre un jour de plus.


jeudi 6 septembre 2018

Chapitre 701 - Ad vitam








Chaque instant qui passe je fais l'erreur folle et égoïste de croire que je serai différent face au temps, qu'il n'emportera pas mes joies, qu'il ne m'arrachera pas les souvenirs les plus tristes que j'ai. Qu'il serait incapable de m'ôter les douleurs les plus profondes en moi, soucieux du détail que tout m'appartienne je creuse plus profondément la plaie pour que jamais elle ne parte, pour que sa trace, à sa simple vue me fasse souffrir. Je promets que le temps ne me soignera pas de mes souffrances, que jamais un matin je me lèverai en allant mieux, parce que je veux souffrir, je veux souffrir de cette absence, de ce vide qu'on m'a laissé sans me demander mon avis. Je veux souffrir des choix idiots que j'ai parfois fait à m'en tordre le ventre et à en brûler ma chair. Je veux, je veux aussi sourire de mes rêves, rire avec la personne que j'aime sans que cela ne s'arrête. À chaque instant j'y crois, je ne sais pas quelle débilité mais j'y crois, je veux me sentir différent devant le temps qui passe, le voir poser ses valises et me tendre la main et je me vois lui répondre non. Non tu n'auras pas mes souvenirs, non tu ne me soignera pas de mes plaies, je veux tout les détails de mon identité quitte à ce que la douleur m'en fasse devenir malade !

Parce que c'est ce que je suis, je suis malade de vivre ! Malade de ces moments où d'une seconde à l'autre j'alterne entre joie immense et inconsolable tristesse. Je me dis que je peux décider de ça, de ce qu'il prend ou ne prend pas comme si je choisissais ce que je voulais dans le supermarché.. Mais je ne suis que le caddie... Un putain de caddie dans lequel on prend et on enlève des choses, on en garde pour un instant et on en enlève le moment d'après. Je me dis que je peux choisir ce que j'emporte. Il soigne tout, mes pires douleurs sont de belles cicatrices fines et quasi-imperceptibles alors que je m'y voyais déjà mourir d'émotions, de rancunes amères qui scient mes organes les uns après les autres. Je me voyais torturé, l'âme maudite à jamais par toutes ces belles choses qui me harcèleraient pour me demander si j'étais vraiment heureux, si l'idée que je me faisais d'être heureux était la bonne. Rien de tout ça n'est arrivé, j'ai toujours su m'endormir dans mon lit au petit matin après des nuits d'incertitudes, certes, mais toujours le sommeil fut présent. Le temps m'a soigné de choses que je ne pensais pas pouvoir supporter et en échange, sans que je ne puisse en dire quoi que ce soit, il a effacé mes joies. Comme un contrat avec la vie, qui m'accorde l'existence de passer toutes les douleurs dans l'amertume le temps d'un souffle et de m'extirper de mes soleils le temps d'un autre.

Le temps cet artiste, ce capitaine de navire qui au-delà de la tempête sait voir en permanence la mer calme et reposante que l'âme chérie si fort. Il prend le temps qu'il faut et panse les blessures les plus profondes de l'être, il répare, colle, améliore, soude, rapproche. Il consolide et détache en permanence ce que l'âme ne cesse de réclamer proche d'elle. Ce n'est pas juste ! Ce n'est pas parce que je suis temporaire dans cet univers que les choses qui m'amènent à ressentir doivent l'être aussi.

À chaque fois je veux combattre le temps, alors qu'intimement je le sais, il ne se combat pas, il est présent et c'est tout ce qu'il est. Pourtant je ne peux pas concevoir cette idée, je ne peux pas l'accepter, j'ai un problème avec l'idée du fonctionnement de l'existence, de la manière dont on ressent et perçoit les choses. Nous devrions être des statues sur lesquelles le temps mets des coups, qui parfois nous fait des fissures et qui autrement nous améliore et nous rendes plus fin, plus beau. Nous devrions tout garder, notre réservoir émotionnel devrait être un gouffre dans lequel nous devrions tous nous comprendre. Je veux tout garder de ce qui me défini, ainsi durant mes moments de doutes je ne pourrai même avec toute ma volonté, oublier ce que je suis... C'est le moment qui nous défini ou alors c'est à nous de définir le moment ?


mardi 28 août 2018

Chapitre 700 - Je t'aime de souvenirs





Elle m'a dit "tu passes vite à autre chose", j'en ai ris, de tristesse parce que je n'avais rien d'autre à proposer sur l'instant. Comment pouvais-je passer à autre chose quand elle était tout ? Passer à autre chose comme si une suite se cachait derrière. Après elle il n'y a plus rien, c'est le vide, le néant, le froid permanent. Tu passes à autre chose, comme c'était léger à dire et si violent pour mon âme de l'entendre, je ne peux pas passer à autre chose, il n'y a rien après. Je ne veux rien, parce que c'est dans sa présence que j'y trouve mon tout. J'ai préféré feindre l'indifférence à cette douleur extrême, des jours durant elle m'a fait saigné. Des nuits entières, tout comme celle-ci je brûlais de chacune des lettres de cette phrase car de toutes les choses fausses celle-ci est l'une des plus grandes. Mes souvenirs de toi me tue de plaisir et le manque ne cesse de me couvrir de tes baisers rompu par le silence j'y résous ce qu'il me reste. J'ai envie de toi, j'ai envie de tout avec toi. Je passe à autre chose mais jamais sans toi. Je chéris tout de toi, surtout le pire.



dimanche 26 août 2018

Chapitre 699 - Je ne sais plus quoi vous dire







Fond de table en fin de soirée, l'été tire sa révérence avec la fougue d'un enfant de huit ans, et la maladresse d'une collégienne dévoilant ses sentiments, c'est un départ marqué, une chaleur qui disparaît pour un accueil en bonne forme du froid qui se glissera dans nos draps. La discussion des personnes tourne autour de la vie sentimentale de chacun, c'est comme ça en fin de soirée c'est toujours comme ça. Les sentiments qui déferlent et qui glissent sur des torrents d'alcool rendant les propos très franc mais si peu compréhensible, on les mixent aux remords et au goût si spécifique du regret.

"Et à quoi tu es sensible toi."

La tête en arrière sur le canapé je voyais le monde à l'envers, il avait étrangement plus de sens dans cet ordre là. J'ai pas jugé bon de relever ma tête pour répondre.

"Sensible à quoi ?"

J'entends le verre qui se pose sur la table;

"Je ne sais pas, quelque chose qui te rend sensible, tu n'as pas l'air de beaucoup parler, ni même d'aimer ça. Tu te forces aux interactions."

Je fais un signe de la main comme pour dégager une fumée invisible devant ma pauvre petite gueule;

"Putain mais vous me suivez n'importe où, trop peu sensible, pas sociable, pas communicatif. Vous faites une fixette sur les gens comme moi, et je fais une fixette sur les gens comme vous, je ne suis pas une statue juste j'aime fermer ma gueule et j'aime quand on ferme sa gueule."

Silence lourd et gêné.

"T'es à cran pour une fin de soirée."

"Putain que non, je suis tranquille en train de détendre et ça vient m'éclabousser de merde. Imagine toi dans ton jardin, plein soleil en train de te reposer et soudainement on t'emmerde de questions. Tu réagis comment ? Quand quelqu'un te parle du travail pendant que tu te reposes tu réagis comment ?"

"On parle pas de travail."

"C'est un travail de vous supporter."

"Et un enfer d'essayer de te parler."

Une seconde période de silence entre en scène, quelques quart d'heures qui me donnent un ressenti de cinq minutes.

"Aux moments d'hésitations, aux scènes d'au revoir qui sont peut être des adieux déguisés, aux regards qui.. Se supplient de rester, de chercher du temps en plus, aux lèvres qui se serrent et aux cœurs qui pleurs dans le vide. Les voix qui déraillent sur les quais d'une gare ou d'un port, dans le terminal d'un aéroport ou devant la porte d'un taxi, d'un ascenseur qui se ferme. Dans des périodes courtes d'intensités qui nous implorent de les vivres. A ce moment où l'essentiel, l'important prend sa place. A ces endroits où tout devrait être dit et où la tristesse a une place si accablante sur le canapé qu'elle s'étend et poing sur la joue tend l'oreille pour entendre ce qu'il s'y passe. Au coeur qui se brise, a ce sang qui à ce moment dans nos veines chauffe."

"T'es sensible à ça ? C'est des instants durs; qui n'arrivent pas souvent."

"Les tentatives de vies, les émotions fortes, ça me rend instable. Je fonds, je deviens sensible à l'extrême."

"Les tentatives de vies ?"

"Les instants manqués, les regards qui se croisent, les sourires qui s'échangent. Les rapports humain."

"C'est pourtant commun.."

"On a pas vécu les mêmes drames."




Chapitre 698 - Blue Velvet










Elle se mit à côté de lui et sans un mot, elle commença du bout de ses doigts à toucher son visage encore mouillé de la douche qu'il venait de prendre. Lui comme étonné pris ses doigts dans sa main et lui demanda quel drame engendrait en elle cette nécessité de faire ça. Il n'avait pas l'habitude qu'on le touche, qu'on lui caresse tendrement ce visage qui le répugnait parfois de colère et de haine.

" Je les vois.. Je les vois" répéta-t-elle les yeux remplis de larmes, avant de prendre son visage à deux mains, comme un creuset. Elle se fit comme admirative de quelque chose que lui ne voyait pas et ne comprenait surtout pas, la situation avait changé, elle était oppressante pour lui, et tout son être cherchait un moyen de fuir ce qu'elle faisait, il était déstabilisé dans tout ce qu'il était, ses actes résonnaient en lui de manière trop brutale.

Lui qui avait juré de mettre des distances avec les sentiments, lui dont l'obsession pour les émotions le rendait addict au point que des évènements de sa vie avaient emporté avec eux une part de lui qui plus jamais ne permettrait au puzzle de son existence d'être complet. Lui qui s'était promis de ne pas goûté une fois de trop à la folie des passions, se retrouvait alors là, face à cette femme qui n'était plus qu'à cet instant une bombe à retardement qui allait faire jaillir son coeur hors de sa poitrine pour bondir embrasser ses sentiments. La pression était intenable pour lui.


"Elles sont si belles.. Si grandes, leur tailles est proportionnelle au sacrifice que tu as fais. Ce que tu as abandonné pour permettre ce qu'il fallait faire. Elles sont.. Elles sont la marque de ta personne."

Elle n'avait pas cessé de pleurer bien au contraire, une pluie s'était installée sur le haut de son visage, ses yeux étaient alors comme deux saphirs rutilants comme bercées par le tumulte d'une vague passionnelle qui noyait plus qu'elle ne pourrait porté, elle avait des joyaux à la place des yeux qui étaient mis en lumière par un flot de sentiment qu'elle ne pouvait cesser. Il comprenait alors, il savait de quoi elle parlait.. Il se mit à reculer, tombant à la renverse, se relevant aussi rapidement, fuyant ses mains, son regard, son toucher. Il se sentait comme non méritant, il le refusait, il se l'interdisait, il n'avait pas encore une fois à subir ça. Malgré chaque pas de recul, un de ceux-là fut de trop, il dû finir dos au mur sans possibilité de prendre davantage de distance avec cette femme, qui maintenant lui tendait le bras en s'approchant de lui, comme admirative mais émotionnellement blessée.

C'est cette douleur là qui la faisait pleurer à ne plus pouvoir cesser, c'est encore cette douleur qui la rendait folle de désir à l'idée de pouvoir le toucher encore une fois, pour le saisir comme l'on saisissait un cristal poli par la finesse d'un joaillier remplie d'une ardeur envoûtante pour son travail.

Elle finie une nouvelle fois par attendre son visage le caressant encore, au premier touché elle fit un sanglot, quand sa deuxième main toucha sa joue, elle finie par éclaté comme un verre au sol, avec bruit et fracas, elle gémissa, cria, les cordes de sa voix étaient emplies d'une infinie tristesse comme si catalyseur, miroir d'une âme elle pleurait pour celle qui ne le pouvait plus.

" Tu as tant souffert... N'aie pas honte de ce qu'elles sont, elles te vont si bien, elles te rendent si beau, si humain. Ce sont tes forces, pas tes faiblesses."

Lui faisait face à une réalité qu'il s'était interdit de penser.

"Elles sont si belles sur toi, elles te vont si bien ces cica.."

Sa phrase à peine finie qu'il la coupa d'une main sur sa bouche, lui allongé au sol, les jambes écartés, le dos contre le mur, elle au-dessus le chevauchant de la vision son front contre le sien, les yeux grands ouverts elle pu apercevoir alors les quelques larmes se dessinant sur son visage;

"C'est bon, ça ira n'en dis pas plus, ne dis pas ce mot."

S'en suivi un dernier silence entre eux deux, qui finit par sceller leur deux coeurs l'un à l'autre, il était tombé fou amoureux d'elle à l'instant où elle se mis à pleurer pour lui à l'idée des douleurs qu'il avait pu ressentir, quand bien même il aurait pu avoir dans sa vie une femme plus belle, ou avec des atouts physiques plus que satisfaisant, il n'en aurait pas chercher la teneur ni même l'intérêt car il le savait dès cet instant, jamais il ne pourra aimer plus fort qu'avec elle. Il apprit alors ce jour là, à s'aimer aux travers des yeux de celle qu'il venait juste d'apprendre à aimer.


jeudi 2 août 2018

Chapitre 697 - Bonne nuit








Il s'asseya sur le bord du tronc d'arbre, le plus éloigné du feu qui crépitait, à la fois visible par son visage et le haut de son corps tandis que le reste plongé dans l'obscurité de la douce nuit d'été qui nous accompagnait laisser deviner des ombres par les petits éclatements du feu qui laissait entrevoir le contour de ses épaules.

Il se gratta le crâne de sa main comme d'un air chercheur, de ceux qui creusent les idées, un soupir laissant s'échapper de sa bouche en plein milieu de cette forêt nocturne, il avança une de ses jambes près de la lumière du feu de camp, appuyant sa main sur son genou tandis que l'autre main avait, elle, déjà repris la canne qui l'avait amené jusqu'ici s'appuyant désormais aussi sur celle-ci. Il plongea son regard paternel en direction du petit feu qui dorénavant ronronnait.


"Tu sais petit, tes souvenirs se détériorions avec le temps, ils partiront sans que tu ne les ai remarqués, d'autres à l'inverse resurgiront bien des années plus tard pour une sensation, une odeur que tu croyais avoir oublié. Les meilleurs comme les plus mauvais, seront traités de manière égale. Le plus radieux des souvenirs ne brillera plus, le plus sombre ne t'empêchera plus de voir la lumière du lendemain. Ce sont de petites choses, des détails qui font toute la saveur de tes journées quelquefois. Ils partiront de la même façon qu'ils ont pu avoir pour s'installer dans ton quotidien, avec fracas ou douceur. Certains claqueront fort la porte, d'autres ne donneront même pas l'impression de l'avoir ne serait-ce qu'entre-ouverte. Il faut savoir prendre soin de ces instants, ces moments qui ont pour t'apporter de la joie ou te donner des leçons que tu ne souhaites pas encore apprendre aujourd'hui. C'est eux qui te permettront de tenir le choc dans les moments difficiles, de te rappeler ton chemin parcouru, la saveur de tes buts, de tes idéaux. Ils te remémorons la raison pour laquelle tu as entrepris ce voyage, ce que tu y as gagné et ce que tu as laissé pour parvenir à gravir les pentes rugueuses. Ils te rappelleront ce que tu as fais, et ce que tu n'as pas pu faire. Dans les moments d'incertitudes qui combleront ta vie, ils seront présents pour te rappeler qui tu aspires à être quand, la tête dans le brouillard et remplis de peur tu oublieras. Ils te rappelleront la force avec laquelle tu as des convictions et les rêves que tu y accroches."

Il marque alors une longue pause, suffisamment pour lui prendre le temps de se relever d'un air assagi, la détermination avec laquelle ses mots avaient pu apparaître laisse place à la douceur d'un vieil homme reconnaissant envers la vie. Se levant du tronc d'arbre alors couché sur le côté du feu, avançant dans ma direction il pose alors sa main sur mon épaule en faisant face à la route qui timide reste dans l'ombre du feu;

"C'est pour ça, c'est pour tout ça que tu dois y faire attention, tu ne pourras pas tous les entretenir et les garder intacts, seul quelques-uns auront cette chance et ça ne sera pas toi non plus qui décidera lesquels tu garderas de ceux que tu oublieras. Cherche y un sens et entretiens la sensation et le message qu'ils gardent en eux, parce que c'est une partie de toi qui a existé et qui résonne en toi même si dorénavant elle n'a plus sa place, elle te rappelle qui tu as été à un instant de ta vie. A l'image de ce feu que tu vas éteindre, l'important ne réside pas dans le fait qu'il brûle, mais qu'il a brûlé, il a existé. Il ne s'agit pas de vivre, il s'agit d'exister dans tout ce qu'il est possible que tu ressentes. Prend soin de tes souvenirs, viendra un jour où seul eux te rappelleront qui tu es et pourquoi tu fais tout ça. Rentrons maintenant."

Le feu n'avait pas eu besoin de moi pour s'éteindre, il fit son dernier ronronnement avant de s'endormir dans les draps de la nuit et de se résoudre à laisser la nuit être.