lundi 7 mai 2012

Chapitre 155 - Cherry Blossom




Il ne m'a pas regardée. Il ne m'a pas souri. Il a continué à fumer sa cigarette et son regard s'est perdu loin, très loin , ailleurs, et j'ai songé qu'il ressemblait terriblement à l'homme que j'avais gardé en mémoire qui s'était approché très près de moi mais dont je m'étais parfois demandé si je ne l'avais pas rêvé, je veux dire inventé. L'homme dont la voix, le regard, m'avaient obsédée des nuits entières tandis que ses traits lentement s'effaçaient, alors que j'aurais tant voulu les conserver en moi,l'homme dont les mains et les yeux, toute une nuit de fête, n'avaient cessé de me frôler, de me signifier leur désir, puis s'étaient tus, inexplicablement, m'abandonnant au silence. Oui, en voyant son regard brusquement si lointain, je me suis dit qu'il faisait partie de ces êtres dont on pense parfois avoir saisi quelque chose et dont, l'instant d'après, on ne sait plus rien, et que c'est peut-être ce que j'aimais chez lui, ce mystère, cette liberté qui émanaient de lui. J'aurais aimé le retenir.

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