Petit, quand je peinais à m’endormir, dans la chambre dans laquelle nous
étions moi et mon frère. Les soirs où il passait par la fenêtre en remontant le
store doucement pour ne pas alerter les parents. Pour partir, et sauter du
premier étage et atterrir derrière le HLM amenant sur un long terrain vague
rempli d’herbe et d’arbre. Ces soirs là j’entendais ses amis rires, et j’ai
encore d’une façon surprenante le tin de leur rire encore gravé dans ma tête,
et lui partant pour une longue nuit à laquelle je ne le revoyais que lendemain
soir s’amuser avec ses amis.
J’étais seul dans cette chambre qui me paraissait petite quand l’on y
était à deux, et pourtant si immense quand j’étais seul. J’avais souvent très
froid. Et je me cachais sous la couette, j’entendais maman qui terminait de
regarder son émission, le bruit distinctif de la télé qui s’éteint, ses pas
doux, et lent qui se dirigeait lentement dans leur chambre. Elle partait
dormir, tandis que moi, mes terreurs et mes folies de la vie venaient à ma
rencontre.
Je tremblais souvent, et j’avais les yeux grands ouvert dans le noir qui
envahissait ma chambre. Je ne comprenais ni la notion de lumière ni celle
d’obscurité. J’avais peur, je sentais comme une présence qui n’était au final
que la mienne, mais dont il m’a fallu bien quelques années pour le comprendre
bien plus tard.
Je me rappelle ces nuits de terreurs.. Parce qu’elles y renferment un
très beau souvenir, chaleureux, chaud et bouillant d’amour. Celui de mon père
qui rentrant tard, ou tôt à vous de voir, venait dans ma chambre. Me voyait
encore réveillé.
Il souriait, parce qu’il était agréablement surpris de pouvoir parler
avec son fils, et moi avec mon père. Il me fait rire, tout en me disant de me
taire, me racontant ses histoires. Mon père, ce héros, ce titan qui me faisait
disparaître la froideur, et l’obscurité de la chambre pour y faire briller
toute la force qu’il avait pour me protégeait. Me racontant sa journée, ses
nuits, et même ses pensées, que je ne comprenais pas toujours.
Quand c’était à mon tour de lui parler de ma journée, de l’école.. Que
j’avais un soucis, c’était le premier à qui j’en parlais d’ailleurs, et
surement le dernier. Je ne sais pas d’où me vient cette habitude à ne jamais me
livrer, ni mes ressentis ni mes émotions mais c’est comme ça. Entendant mes
craintes, et mes problèmes..
Il me souriait, me pinçait la joue, dans cet ordre précis très
exactement, jamais l’un avant l’autre, ou l’un sans l’autre. Puis me passait sa
grande main, chaude sur mes petits cheveux alors noirs ébènes.. Il souriait et
fermait les yeux lentement avant de me dire cette phrase, encore et encore
qu’il m’a dit si longtemps jusqu’à mes douze ans.
“Ne te préoccupe pas de ces soucis là mon fils, quand tu as un empire à
bâtir.“
Il me baisait alors le front, je m’accrochais à son cou, comme pour ne
pas le laisser partir, pour finalement lui murmurait à l’oreille, tout
simplement que je l’aimais, et je l’aime encore. Mon père, ce héros rien qu’à
moi.
Il n’y a pas longtemps j’ai recroiser cette phrase sur des photos, des
affiches et même des t-shirts, j’en ai eu les larmes aux yeux. Et j’avais envie
de partagé ça. Peut être que quelqu’un me comprend, s’interloque, ou bien a
juste chaud au coeur de lire quelque chose de pareille, tout ce que j’espère
c’est que vous aussi, vous avez ce genre de souvenir.
Aujourd’hui encore, je ne me soucis pas de mes problèmes, parce que j’ai
un objectif dans ma vie qui lui donnera un sens. Et ce genre de souvenir me
rappelle des moments difficiles de mon enfance, mais surtout à quel point j’ai
eu la chance d’avoir un père qui m’aimait, comme jamais je n’aurai voulu être
aimé autrement.

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