Chapitre 445 - Les souvenirs sont des fragments de verre qui gisent sur le sol , sans possibilité de les réunir , à tel point que quand on essaie , on a mal.

J'étais dans la chambre , et je regardais mes frères jouaient sur la playstation . On avait une chambre pour trois. On était pas riche , on était pas les meilleurs , pas les plus beaux , et pas les plus géniaux , mais on étaient heureux comme des dingues.

Il faisait beau , chaud , surtout l'été , on restait tout les trois.. On vivait dans un HLM . Je dormais dans le lit au dessus. On avait côtisé une petite télé , mon frère travaillait un jeudi sur deux avec un ami pour livrer des pizzas , mon grand frère travaillait le Week-End en usine , et moi.. Je me battais , vendais des cartes de jeux , et l'argent que maman me donnait pour une glace ou un petit paquet de bonbon. A la fin on avait une petite fortune , la playstation coûtait plus de 500F. Et on a réussi à se la payer avec un petit téléviseur et des jeux. Encore une fois , on roulait pas sur l'or , mais on avait la valeur des choses , et on en profitait à son maximum. Malgré tout mes frères n'ont jamais voulu me laisser jouer.

Jusqu'au jour où me pensant assez grand , ils m'ont tendu la manette .. C'est débile à raconter comme ça , mais vous savez j'étais un gosse , et je les regardais tout le temps jouait , tout le temps . Dès que j'entendais un de mes frères allaient dans la chambre , j'attendais patiemment dans le lit de les voir jouer. Ils planquaient la manette , les jeux , et la carte mémoire , je ne voyais que la playstation et la télé sans pouvoir y jouer. C'était un peu mon petit rêve de fou de pouvoir y jouer. C'était pour moi , alors , idiot comme j'étais , le stade ultime de la confiance de mes deux frères , de me laisser jouer. Comme si j'étais le petit mouton des deux petits loups , et qu'enfin ils acceptaient que je fasse la même chose qu'eux. J'ai conscience que ce que je dis est pathétique et que personne ne pourra le comprendre.. Mais quelque part , il m'avait accepté.. Puisqu'au fond , nous ne sommes que des demi frère , mais dans ma vie je n'ai jamais su aimé à moitié , j'ai toujours aimé follement et totalement , à tel point que c'était mes frères , et ça reste mes frères.. Mais je vois encore la manette de playstation 1 , grise , sans analogique , qu'ils me tendent avec un sourire , avec le jeu en pause et la télé qui m'attendait.. Et vous savez quoi ? J'ai chialé .. Comme une pauvre merde , parce que j'étais heureux , j'étais heureux pour rien , pour un simple jeu , une simple partie. Et pourtant rien que de m'en rappeler , j'en aurais presque les larmes aux yeux , parce que j'étais heureux pour si peu , et aujourd'hui je serai presque malheureux pour tout.

J'ai un passé dont je ne parle pas , parce que rien que d'en parler , j'en ressens une souffrance quasi horrible et permanente , qui me contracte le coeur , et m'étouffe. J'ai des souvenirs qui sont marqués à la flamme du temps , et en parler me ravive ses flammes.




Alors finalement .. C'est plus qu'un jeu pour moi. C'est une clé qui renferme pas mal de souvenir.
C'était GTA I sur playstation , on était en 1998 , et j'avais 5 ans.

GTA V

" Putain on est mort. "

" Non lui est mort. Nous ? Nous on est bien."

[...]

" Tu sais de toutes les choses dangereuses que j'ai pu connaître pendant la guerre , et dans cette ville , de toutes les putes , la drogue , les armes , les flics , et ses fils de pute qui nous en veulent , de tout ça . La chose qui nous butera à coup sûr c'est l'amour. "

" Oh putain.. Tu vas me bercer pour que j'aille dormir ? Monte dans la voiture espèce de connard ! "

[...]

" Ouais ouais , tu dois croire que ma mère , paix en son âme , a baisé avec un con au lieu de mon père ? Tu prends ma mère pour une pute qui se fait attraper par des abrutis ? "

[...]

" Toi le bouseux là , va me faire un café ? "

" T'es qui toi putain ? "

" Ok , tu veux que j'aille te faire un café ? "

[...]

" Pour qui tu bosses ? "

" Pour mon cousin . "

" Hum. "

" Arrete de faire le con. "

" C'est toi qui me prend pour un con ! Dis moi la vérité . "

" Ok.. Ok.. Ton père les aiment bien grosse dans le cul "

[...]